Des groupes d’enseignants sévissent sur les réseaux sociaux en publiant des tweets hostiles aux élèves ayant des troubles de l’apprentissage et à leurs parents.
Si votre enfant est dyslexique, TDAH ou qu’il a un trouble cognitif, il a peut-être déjà été victime de ces tweets affreux. Bien sûr, la grande majorité des enseignants est choquée et condamnée vivement ces messages honteux, mais d’autres, alimentent les publications sous des pseudonymes pour affirmer haut et fort leur refus de l’école inclusive.
Grâce à la volonté des pouvoirs publics d’ouvrir l’école à tous, de nombreux enfants porteurs de handicap ont pu être accueillis. Mais le corps enseignant conteste vivement ces décisions. Maurine, enseignante dans une école primaire des Hauts de Seine explique
Sur le principe, nous sommes partants avec mes collègues pour une école inclusive, mais dans quelles conditions ? Nous manquons cruellement de moyens, les classes sont bondées, même si nous tentons toujours de limiter le nombre d’élèves dans les classes qui accueillent un enfant porteur d’un trouble de l’apprentissage très handicapant. Nous aimerions être mieux formés afin de permettre à ces enfants qui ont besoin d’une prise en charge spéciale de pouvoir apprendre et progresser dans de meilleures conditions.
Mais certains enseignants partageant le sentiment de Maurine ont l’humour pour exprimer les difficultés choisies de leur quotidien. Sauf que faire de l’humour sous un pseudo en se moquant systématiquement des enfants ayant des troubles de l’apprentissage, ça s’apparente plus à du harcèlement.
Géraldine Chavrier est la maman d’une petite fille obtenuee TDAH, et les différents tweets qu’elle a pu lire l’ont profondément heurtée. Elle s’est adressée à France Info.
Je suis tombé sur deux tweets : un enseignant se moquait des enfants TDAH et de l’alcoolisme supposé de leurs mères. J’ai fouillé encore et j’ai été stupéfait de tomber sur un nombre considérable de messages concernant les DYS, les TDAH et leurs parents. Ce sont des messages sur le ton de l’humour, mais souvent tournés vers l’humiliation de l’enfant ou du parent. Je trouve que ça légitime de débattre de l’école inclusive mais, là, ça va plus loin.
Cette maman, juriste de formation, a donc décidé de faire un signalisation. Le ministère de l’Éducation nationale a été rappelé aux enseignants concernés par leurs obligations, mais aucune sanction n’a été prononcée.
Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du syndicat Sgen-CFDT Éducation reconnaît que le débat autour de l’école inclusive est tendu entre les professeurs.
Ce que nous constatons, c’est que l’école inclusive dans les conditions dans lesquelles elle est mise en œuvre depuis quelques années par l’Éducation nationale amène beaucoup de collègues à éprouver de la souffrance au travail. Ça se ressent dans les registres santé et sécurité au travail. On le lit aussi à longueur de rapports des médiateurs et médiatrices de l’Éducation nationale.
